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Garange

27 mars 2006

Dans le mur

A se rendre tout seul dans une soirée pareille , on se retrouve forcément en position d'observateur .
Cette position , pour moi , est d'autant plus un état obligé que je ne danse pas ; que je ne fume pas ;que je ne bois pas ;
Bref , j'ai l'attitude du type debout , adossé contre un mur avec une double ceinture de sécurité attachée autour de lui en cas d'accident éventuel ( une rencontre par exemple ) et qui se tient face au Dj et à la foule.
Et qui regarde , écoute , très sérieux . Et qui , parfois , s'autorise , folie passagère , à dodeliner de la tête .
Comme on dit : je dégage quelque chose . De l'ennui très certainement . Mais aussi une certaine crispation par moments .
Il serait tellement plus confortable de se fondre dans la foule . De s'y dissoudre en accomplissant les mêmes mouvements que les autres ; en adoptant les attitudes et les mêmes mots que tout le monde ; en buvant les mêmes breuvages-alcoolisés-qu'un certain nombre . Afin de tenter de me sentir à peu près comme un peu tout le monde , ici , semble se sentir . Si ,si , c'est vrai : les gens présents à cette soirée passent leur temps à se renifler les uns les autres .
Si je me mettais à m'agiter , à rire et à sourire - pas tout seul contre le mur-en dansant parmi eux , je déclencherais sûrement en moi cette euphorie , ce bien-être et ces sourires qui me font particulièrement défaut en ce moment . Voire , mieux , les autres autour de moi , seraient plus incités , spontanément , à me sourire voire à m'adresser la parole qui semble très facile pour eux à atteindre comme à poster .
Mais , non , prétérite monolothique , ankylosé , je reste là , figé , sans sourciller , tel un videur de sourires et de rêves free-lance et vissé dans mes viscères : à décortiquer les ambiances , les gestes des uns et des autres . Les videurs officiels ne peuvent pas me sortir : je suis immobile , sobre et  j'ai payé mon entrée . Tout au plus  peuvent-ils m'ignorer .
Glauque . Pathétique . Sordide . Rigide . Dépressif . Effrayant comme ce vide depuis le pont au dessus de l'autoroute A86 .

Ce sont des gens comme moi qui vous cassent une ambiance dans une soirée ou dans un groupe . En vous rappelant à l'ordre de par mon angoissante présence qui absorbe la moindre éclaircie en ce monde . En vous remettant votre colonne vertébrale et les idées à l'équerre , et carrées , contre le bitume de la règle absolue:

Surtout , ne pas se laisser aller . Il est interdit de se laisser aller . Je suis un tank insubmersible à triple foyer.
On a envie de le casser ce tank avec tous ses reflets . De le voir fondre . De le briser . De le voir partir . Mais , il avance , toujours , chemine , ronge la distance qui existe entre lui et vous . Avec sa cargaison pleine de tourments , de repères broyés , de violence et de vipères d'hier que l'on croyait avoir balancées une bonne fois pour toutes dans une rivière située hors de la couche d'ozone .
Il lui faut toujours plus d'échines , de chevilles , de corps et de rêves . J'étudie en ce moment le projet de me faire payer pour , dans certaines soirées , aller casser certaines ambiances . Juste en étant là . Pour aider certaines boites de nuit qui souffrent trop de la concurrence .

Sans doute afin d'éviter un carnage sur moi ou sur tous ces autres jeunes qui s'amusaient hier soir au Carreau de Cergy dans une soirée DJ du festival Patchwork , je suis rentré chez moi dans ma Toyota Yaris .
Et je me suis couché . J'ai vite trouvé le sommeil . Sachez le : chaque fois , dans l'Histoire , que quelqu'un s'est livré à une tuerie comme à un massacre monumental , y compris à coups de mascara , cela a toujours été le fait de quelqu'un qui ne trouvait plus le sommeil .
Chaque fois que quelqu'un se retrouve privé de ses rêves , c'est-à-dire , chaque fois qu'il se perd , il se retrouve sur les nerfs et , alors , pour lui , la vie c'est la guerre .
Mais , je ne sais pas comment , hier soir , au Carreau de Cergy , les Djs m'ont donné du rêve . Alors , je reviendrai partout où il y'aura de la musique .


Je dédie cette confession au moins aux Djs qui aiment leur métier et le font bien. Et , en particulier , à Laurent Garnier dont le livre "Electrochoc" co-écrit avec David Brun-Lambert me fait beaucoup de bien .
Et , bien-sûr , à toutes celles et tous ceux , pour qui , de près ou de loin , la musique est avant tout attachée à la vie .

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27 mars 2006

Murmures d'un extrême à l'autre

Un train de banlieue sur des rails , c'est une note hantée . Un ventre qui rampe vers des ballerines insensées , un saphir pris dans les éclats du sillon d'un disque vinyle que plus personne n'écoute .
Personne , c'est à dire tout le monde .
Un train de banlieue , c'est une fée rail qui nous allie à ses antres ; nous dépose ; nous contourne mais ne nous amène jamais là où chacun d'entre nous voudrait inévitablement aller .
Loin de ces êtres légers échappés d'un cendrier et qui se mettent à rire chaque fois qu'ils voient passer une simple voiture .
Loin de ces êtres métaphysiques qui considèrent comme suspecte la cire dont est faite chaque nouvelle rencontre faite en ce monde....

Pour Mélo de Guingamp avant tout . Et puis , après , pour toutes celles et tous ceux qui aimeront bien-sûr .

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